Le Chevalier à la Canne à Pêche – humour et fantasy
Le Chevalier à la Canne à Pêche n’est pas le surnom de Perceval mais le premier tome de la saga de l’Antévers. C’est aussi le deuxième roman de Guilhem, auteur de fantasy français qu’il a édité chez ÉLP, maison d’édition d’ouvrages numériques.
Si vous aimez les romans sérieux et doucereux, passez votre chemin ce livre n’est pas fait pour vous !
À l’instar de Terry Pratchett à qui Le Chevalier à la Canne à Pêche est dédié, Guilhem nous raconte avec humour une aventure d’Heroic fantasy se déroulant dans un univers déluré rempli de créatures folkloriques.
Guilhem, auteur de fantasy français mais pas que…
Originaire de Reims, Guilhem a écrit son premier roman à l’âge de 25 ans. Mais la vie, ou la flemmardise, le pousse à mettre de côté pendant dix ans – tout de même – l’écriture.
En 2014, suite à la rencontre bienveillante avec un camionneur Guilhem s’accorde une année de convalescence suivie d’une année sabbatique. Et c’est à ce moment-là qu’il reprend l’écriture de son premier roman. Un an plus tard ÉLP le découvre et publie Le cycle du rézo : La plante verte.
Pendant sa guérison, Guilhem se lance également dans une websérie de Fantasy intitulée DonJon Legacy et disponible sur Youtube.
Mais si vous souhaitez en savoir plus sur l’auteur et son actualité, je vous suggère de visiter son site http://guilhem0.free.fr
Vous trouverez également tous ses romans sur le site de ÉLP www.elpediteur.com
La bière fait le héros !
Vous connaissez le proverbe la bière fait le héros. C’est certainement pour cette raison que la plupart des aventures de fantasy démarrent dans une taverne.
« Dans la taverne de la Citadelle d’Aleth, la dispute empirait. Anorin s’était mêlé aux échanges et des insultes en vers de douze pieds commençaient à fuser. »
Guilhem, Le Chevalier à la Canne à Pêche, p. 47
Alors quand j’ai commencé à lire les premières pages du Chevalier à la Canne à Pêche et que j’ai découvert des créatures fantastiques attablées dans une auberge j’avoue avoir fait un peu la moue.
« ENCORE DES BOIT-SANS-SOIFS qui vont partir en quête de je ne sais quel trésor dans une contrée paumée remplie d’orcs ! », me suis-je écriée.
Mais découvrons nos héros.
Il y a le prof, un ours nandi intello ; Anorin, un revenant poète qui revient sur Terre sous diverses formes tour à tour utiles comme une arme de guerre, tour à tour surprenantes comme une triplette de taupes des magmas…
Ensuite il y a At Coum un teignome explosif dont le vocabulaire se compose uniquement de blasphèmes à en faire rougir Jean-Marie Bigard.
Sthéna une gorgone douce et sensuelle tant qu’elle garde son bandeau sur les yeux.
Et enfin Geungshi un mort-vivant qui risque ne pas tenir toute la saga à force de se dépouiller de ses membres.
Tous ces joyeux lurons sont à la recherche d’un parchemin que le revenant cyclique aurait malencontreusement égaré dans une de ses poches…
Et l’amour fait la bécasse…
En parallèle à ce groupe hétéroclite qui finalement ne se compose pas tant d’ivrognes que ça, il y a Sélène. Au premier abord j’ai eu du mal avec ce personnage. Est-ce parce qu’elle est le reflet de mes propres défauts : naïve et maladroite…
Trêve de psychologie de comptoir !
Sélène est amoureuse de son admirateur secret, Tylsä. Une espèce de gros con belliqueux, égoïste et focalisé sur son entrejambe. Ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? moi si…
« Dis quelque chose, ami, car je souffre de remords.
Guilhem, Le Chevalier à la Canne à Pêche, p. 181
– Connard ?
– Ou bien ne parle pas s’il est trop tôt encore… »
Mais comme bien des filles, Sélène se fourvoie sur l’origine de ses sentiments. En effet, son admirateur secret n’est autre que Lupin, le boulanger timide et bègue.
Je vous rassure je ne suis pas en train de vous spoiler le roman car on l’apprend dès le début de l’histoire. J’ai d’ailleurs trouvé tellement évident que son stalker soit le vendeur de miches et non le lourdaud du village que j’étais surprise que Sélène ne s’en aperçoive pas elle-même. Quelle idiote !
Comme dirait l’autre BASTON !
Et tous ces personnages sont pris dans l’étau d’une lutte sans merci opposant les forces de l’Élysée et les Tartares.
« Vous ! Vous possédez quelque chose qui m’appartient.
Guilhem, Le Chevalier à la Canne à Pêche, p. 300
– JE SAIS ! JE T’AI PRIS TA DIGNITÉ, GROSSE BALTRINGUE ! »
D’un côté il y a un Archange qui envoie courageusement ses anges kamikazes se faire exploser sur toutes formes de vies différentes d’eux. Et de l’autre un Oracle qui œuvre, d’un œil avisé, pour la défense de créatures magiques telles que les fées, harpies, gnomes, morts-vivants, etc.
Puis, Tylsä s’engage dans les forces de l’Élysée, parce que plus con que lui on ne fait pas.
Sélène part donc à sa recherche, parce que quand on lui dit « attends-moi » elle comprend « suis-moi ».
Enfin Lupin suit les traces de Sélène, parce que l’amour rend bête aveugle.
Le Chevalier à la Canne à Pêche, une aventure loufoque et truculente
C’est à partir de ce moment que Le Chevalier à la Canne à Pêche prend une tournure vraiment cocasse et fantasque.
« Lupin se demanda si son sauveur était fou.
Guilhem, Le Chevalier à la Canne à Pêche, p. 118
– Tu te demandes si je suis fou, n’est-ce pas ?
Lupin se demanda s’il pouvait lire dans son esprit.
– Oh non, je ne peux lire ton esprit. Je suis vieux. Je devine. »
Nos anti-héros qui finalement se révèlent moins chiants qu’il n’y paraît doivent faire face à des combats épiques contre des créatures malfaisantes, et armés d’outils incroyables tels une canne à pêche (je spoile pas, c’est le titre du livre).
Ils se retrouveront dans des situations cocasses où ils devront gérer les transformations d’une truite-garou, éviter de se faire dévorer par une armée de pyrhafées, voler à Dieu son dé du destin, repousser les demandes d’une ondine perverse, pêcher avec un vieux…
Et enfin ils devront répondre à des questions métaphysiques ou pas : L’omnipotence rend-elle heureux ?
Le hasard existe-t-il, et si oui combien de fois ?
En somme tous les ingrédients qui font un excellent livre d’Heroic fantasy. De plus c’est un livre agréable à lire. J’ai en effet beaucoup apprécié le style fluide de Guilhem, sa verve trash ainsi que ses idées loufoques. Et même si Le chevalier à la canne à pêche est un roman de fantasy humoristique, il y a une véritable aventure avec certes des détails barrés mais logiques.
Donc si vous aimez les aventures picaresques dans un univers féérique et drôle, mais non dénuées d’une certaine philosophie, je ne peux que vous recommander Le Chevalier à la Canne à Pêche dont le deuxième tome intitulé l’annihilatrice à couettes est déjà disponible sur le site de l’éditeur www.elpediteur.com
Et je remercie particulièrement Onze Création de m’avoir permis de découvrir ce superbe roman !